mercredi 9 mars 2011

"On the road again, again..."

Après l'épisode chilien, c'est toute seule, avec mon sac Montagne (une marque argentine) et non pas Quechua (pour brouiller les pistes, jaja), que je suis partie visiter le Nord-ouest argentin. Bon, par contre, j'étais en possession du Guide du Routard, ce qui laisse tout de même un indice quant à ma nationalité.

Première partie: les faits.

Place d'Espagne - Mendoza

La première étape était Mendoza, une ville juste en face de Santiago, derrière la Cordillère des Andes. Elle est située dans la région viticole du pays et offre donc des paysages très différents de ceux de Buenos Aires! J'y suis restée deux jours, le temps suffisant pour faire le tour de cette ville que j'ai trouvé trop bruyante à mon goût. Mendoza est très petite, et j'ai l'impression qu'elle essaie de faire le plus de bruit possible pour exister. J'étais présente pile le week-end de l'élection de la "Miss Printemps", et c'était tout aussi folklo que la Geneviève avec ses poupées formatées. J'ai rencontré des personnes sympathiques dans l'auberge de jeunesse dont 2 états-uniens qui faisaient l'effort de parler en espagnol, ce qui est assez rare pour être souligné venant de gens persuadés que le monde tourne autour de la pratique de l'anglais. Rien que cette étape urbaine m'a permis de mesurer le contraste entre la capitale et le reste du pays. La ville est beaucoup plus petite et concentrée. Par contre, il n'y a pas le même phénomène d'amabilité plus franche en province que dans la capitale que l'on connaît en France. Non pas qu'ils soient méchants, mais ils sont plutôt tout aussi gentils que les portègnes!

Rues piétonnes de San Juan

J'ai ensuite repris la route pour aller me promener à San Juan, une ville située à 2h30 au nord de Mendoza. Je suis arrivée pile au moment de la sieste, donc la quiétude de la ville était ahurissante. Il n'y avait personne dehors, et pour cause, la chaleur était accablante. J'ai fait le tour en m'arrêtant à chaque coin d'ombre et San Juan m'a beaucoup plu. C'est la ville natale de Sarmiento, un président argentin qui a beaucoup fait pour l'éducation dans le pays. Malheureusement, les musées (d'histoire naturelle) que je voulais visiter étaient fermés exceptionnellement (petite dédicasse à Faustine et Guillaume) donc je n'ai pu que déambuler à l'extérieur. C'est vraiment un lieu fleuri, plein de charmes, avec ses 4 rues piétonnes encadrant la place centrale... Bref, une ville aux airs de village.

Une des Eglises de Salta

A 23 heures, je suis allée récupérer mon sac à dos que j'avais laissé au plus bel homme du monde (le mec de l'agence de bus) pour prendre la route vers Salta. Le voyage fut assez... drôle et épique. Déjà le fait que je me retrouve assise à côté d'un anglais que j'avais rencontré dans la première auberge de jeunesse du voyage, c'était marrant! La compagnie était super cool (Andesmar, je n'ai pas d'action mais j'vous file les bons tuyaux), on a eu de bons repas et un personnel très sympathique. On a juste eu un problème technique en plein milieu de nulle part et on a du changer de bus donc transvaser l'intégralité de la soute de notre bus dans le nouveau, ce qui nous a fait perdre pas mal de temps! Mais tout cela s'est passé dans la bonne humeur et la rigolade, donc le voyage s'est bien poursuivi. Je suis arrivée donc à Salta après 20 heures de bus. J'ai parcouru un peu la ville pour trouver une auberge de jeunesse dans laquelle je suis restée deux nuits. J'ai rencontré 3 français (archéologues) avec qui je me suis bien entendue et c'était donc vraiment un plaisir de parler avec eux. La dernière nuit, nous l'avons passé dehors à parler de politique avec eux trois, deux autres dames françaises et un états-unien avec qui je me suis pris la tête... mais bon, c'était assez drôle en fin de compte! De Salta, je retiens la beauté magique et les couleurs éclatantes. La simplicité et l'accueil des gens. Le téléphérique pour aller au sommet du San Bernardo pour observer la vue de la ville entière. Cette ville m'a beaucoup plu car elle est très verte, à taille humaine et donc beaucoup plus calme que d'autres lieux. J'ai visité également un musée indépendant sur les cultures indiennes des Andes. La visite m'a enchanté mais le guide, à force de vouloir être gentil en me traduisant tout dans un français incompréhensible alors que je lui avais dit que je comprenais tout de ce qu'il me racontait en espagnol, m'a un peu fatigué. C'est très frustrant de se sentir "chez soi" et d'être reçue de partout comme un étranger.


La dernière étape de mon voyage, après avoir échangé nos adresses avec les 3 français, se situait dans la Quebrada de Humahuaca. J'ai visité les trois villages principaux qui se trouvent dans cette montagne: Humahuaca, Tilcara et Purmamarca. Le voyage en bus au milieu des sommets colorés étaient déjà sensationnel. On se sent tellement petit, tellement humain quand on traverse des paysages si gigantesques et si imposants.



Vue de Humahuaca depuis el Monumento a la Independencia

Humahuaca est un village situé à 3000 mètres d'altitude. Il est rempli d'histoires et sa population est majoritairement indienne. On se sent plus en Bolivie qu'en Argentine et Buenos Aires semble à des années lumières de cette région. Les ruelles sont pavées, les maisons sont faites en terre et en glaise... Les cactus sont la végétation de base de ces paysages improbables...
J'avais l'impression d'être au beau milieu d'un western! Je me suis achetée un joli pull car je n'avais pas prévu qu'il allait faire aussi froid en fin de journée. J'ai goûté aux tamales, spécialité locale à base de maïs, j'ai parcouru le village essoufflée du fait de l'altitude et je suis restée en contemplation de longues heures devant ce spectacle naturel surréaliste. J'ai aussi discuté avec deux indiens autour d'un maté et c'était tellement enrichissant de comparer leurs expériences à la mienne. Ils ne m'enviaient pas du tout la folie portègne dans laquelle je vis. Et ils avaient bien raison, ici, à Humahuaca, tout est paisible et les gens prennent le temps de se parler et de se rencontrer. La preuve.



Pukara de Tilcara

Tilcara est également un village authentique et plein de caractère. J'y suis restée deux jours pour avoir le temps de faire les deux randonnées que je souhaitais. Le soir, j'ai parcouru les ruelles de terre où de nombreux chiens errants m'accompagnaient pour mon plus grand bonheur. Le coucher de soleil derrière les montagnes de pastel était tellement irréel, j'ai eu envie de pleurer tellement l'instant était beau. Et tellement le silence faisait ressortir la beauté de la vision. J'ai donc visité la Pukara de Tilcara, un village précolombien conservé après de nombreuses fouilles archéologiques (j'ai vu de nombreux objets d'ailleurs au musée d'archéologie que j'ai visité juste avant ma promenade dans le passé). C'est vraiment magnifique de se situer dans un lieu où de nombreuses années auparavant, les indiens avaient construits leur vie. Les maisons étaient faites de briques empilées et de terre, les lamas côtoyaients les habitants dans les étroites ruelles encerclées de cactus. Ce voyage dans le temps m'a énormément plu, et de plus, depuis le village, la vue est saisissante. Ma deuxième randonnée avait pour objectif la gorge du Diable, une cascade au milieu d'un canyon au milieu de la Quebrada. 10 km de marche intense en altitude! J'ai adoré me dépasser! Les sentiers caillouteux glissant à deux pas du vide, le silence assourdissant, la vue imprenable sur la Quebrada et ses sommets enneigés, les oiseaux tous plus beaux les uns que les autres... Cette ballade avait un goût inoubliable d'aventure. Le site de la gorge du diable était malheureusement partiellement fermé du fait des innondations de la semaine précédente, mais le peu qui était ouvert valait la peine d'avoir fourni tous ces efforts!



Ruelle de Purmamarca avec au fond el Cerro de los Siete Colores

Purmamarca est le dernier village que j'ai visité dans cette Quebrada majestueuse. J'y suis restée également une nuit pour faire une randonnée magnifique. Le soir j'ai également fait le tour du village accompagnée de chiens fort sympathiques et j'ai constaté qu'ici aussi, les indiens sont majoritaires. Ils vendaient tous le fruit de leur travail artisanal autour de la place centrale. Ce mélange de couleurs étaient très beaux. Après une nuit de sommeil semi-réparatrice, j'ai entamé la randonnée à 8h30, lorsque les premiers rayons du soleil lèchent la Quebrada. Purmamarca abrite le site le plus extraordinaire de la Quebrada: El Cerro de los Siete Colores, qui comme son nom l'indique, est une montagne aux sept couleurs. Les contrastes sont saisissants et le tout est possible grâce aux strates de minéraux sendimentés par les années. J'ai donc évolué pendant deux heures au milieu de ce lieu magique et silencieux. J'ai pu observé beaucoup d'oiseaux et je me suis adonnée à une séance photo sur un mont!

J'ai fini mon périple à Jujuy où j'ai patienté pour prendre le bus de retour pour Buenos Aires. Je n'ai pas beaucoup apprécié cette ville trop polluée et suranimée à mon goût. Enfin trop animée pour que ce soit naturel. Et voici pour finir le récit de mon retour épique!
Que-du-bonheur. J'ai choisi la compagnie la moins chère pour faire Jujuy (extrême nord du pays) - Buenos Aires. Eh bé... J'ai regretté. Pour quelques pesos de plus, j'aurai pu voyager dans de biens meilleures conditions, mais bon, on en rit... après coup!Le bus avait vu les deux guerres mondiales, celle du Chaco, et du Paraguay, ça puait le mort, tout était sale, les lampes étaient cassées, les rideaux étaient intouchables tellement ils étaient sales, ET le must du must... la clim' ne fonctionnait pas! MOUAHAHA. J'vous laisse imaginer la chaleur dans le bus bondé, vu que les fenêtres ne peuvent que s'entrouvrir. Ah oui j'oubliais aussi... On a roulé la moitié de la nuit sans phares. Vers 2h du matin, j'descends voir les chauffeurs en disant "Euh pourquoi on se traîne comme ça? Y'a une opération escargot?" Et le mec de me répondre: "Non non, c'est juste que l'électricité marche pas, on n'a pas de feux, donc pour plus de sécurité, on roule doucement". Ouais, pour plus de sécurité. Du coup on s'est arrêté au milieu de nulle part pour qu'un technicien arrange ça. Bon le mec il a bidouillé deux fils et ya! On y retourne! On nous avait assuré au terminal qu'il y avait nourriture et boisson fournies, mais le chauffeur (qui avait une bedaine énorme, soit dit en passant) nous fait: "Mais non, c'est pas un hôtel!". Ouais, merci pour la précision, parce que la ressemblance est frappante. Bref. Personne ne voulait s'arrêter pour les repas car on avait plus ou moins acheté des trucs pour survivre au premier arrêt "technique", mais les chauffeurs (ils étaient trois) ont fait toutes les pauses repas pour se faire péter le bide. C'est là que j'ai rencontré un italien et une argentine qui voyageaient ensemble par hasard depuis la Bolivie, ça faisait déjà trois jours qu'ils étaient dans divers cars, et ils étaient au bout du rouleau. On a tellement rigolé tous les trois, à chaque arrêt on se retrouvait aux chiottes en se disant, c'est un film là ou quoi? On était rouge et tout en sueur, la crasse des sièges nous collaient dessus du coup... Comble du bonheur, après une nuit pleines de soubresauts et d'angoisses, le matin on pense prendre enfin l'autoroute pour aller plus vite... MAIS NON! Y'a un accident sur l'autoroute, donc hop, on fait un détour de 200 km au milieu de la Pampa argentine où les routes sont des sentiers, vu l'état initial du bus, j'vous dis pas comment il en est ressorti. J'ai oublié de vous parler des toilettes... tant mieux pour vous! Bref... c'est ainsi quà 22h nous sommes arrivées à Buenos Aires tous légérement irrités, surtout quand les chauffeurs nous ont dit: ah ba vous pouvez nous remercier parce qu'on est arrivé à bon port. MORT DE RIRE. Si c'est pas la base de ton job de nous emmener d'un point A à un point B en un morceau, c'est quoi alors? La grosse blague. J'ai éclaté de rire et les mecs m'ont dit: "Voyez y'en a qui gardent le sourire". Ouais, ba n'empêche que c'était juste nerveux.

La deuxième partie: Le ressenti... Bientôt!

3 commentaires:

  1. Très joli récit : j'ai adoré te lire.
    A très vite pour "le ressenti".... j'ai hâte...
    Gros bisous

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  2. Wahou, super photos et trop drôle la fin (ça me rappelle des souvenirs uruguayens !) !
    Ca donne super envie en tout cas ! Et miam pour les tamales !!

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  3. je salue tes photos de l'église de Salta et de la ruelle de Purmamarca (putain c'est dur à écrire ce nom de bled!), elles sont vraiment réussies!
    Je me joins à ta maman pour trouver également que c'est un très beau récit de voyage, c'est merveilleux tout ce tu as vu de magnifiques, et combien tu as rencontré et échangé!
    Tes aventures bussesques sont effarantes et hilarantes à la fois!

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