dimanche 6 mars 2011

Le 19 février 2011... le premier jour du reste de ma vie.


Ca vous semble exagéré? Peut-être. Mais la vie dure si peu que si l'on ne l'exagère pas, elle s'enfuie déjà. C'est ce samedi-là que j'ai pris le bus de Buenos Aires pour aller à Santiago de Chile rejoindre Thomas, Benoît, Solène, Claire, Lorène, Gabriel & Lorène. Sur un coup de tête l'avant-veille, j'ai acheté mon billet d'autocar et j'ai fait mon sac. J'avais besoin d'air, besoin de quitter cette ville qui m'a changé mais qui m'a aussi contrarié. Qui m'a aimé et m'a testé. Je ressentais cette nécessité absolue de me rapprocher de ceux que j'aime afin d'appréhender au mieux la deuxième moitié de mon année portègne. Besoin de retrouver ceux sans qui rien n'aurait été possible. Une sorte de retour aux sources en fait...


Le 20 février, après 22h de bus qui se sont bien déroulées (à part le moment à la douane où on a passé trois heures, pour que les douaniers fouillent à la loupe tous les sacs, que les chiens cherchent de l'éventuelle drogue et qu'à la fin les mecs passent avec leur gobelet pour un pourboir...), je suis arrivée dans la capitale chilienne où Solène & Claire étaient venues me chercher.


Toutes les trois nous avons pris le chemin de la maison de Thomas pour y retrouver Lorène, Gabriel & Lionel et un peu plus tard Thomas et Benoît. Le bonheur que j'ai ressenti à ce moment-là était juste indescriptible. L'impression de revivre un instant ce que nous avions partagé deux ans durant. C'était tellement beau, j'aurais voulu rester la vie entière. Je ne me lassais pas de regarder tous ces visages familiers. Simplement, sans dire un mot. Juste observer ce qui avait changé et ce qui, surtout, était resté semblable. Ce sentiment d'être intouchable parmi eux, d'être moi-même, de ne pas surjouer, de ne pas m'inventer. D'être.


Nous avons passé des journées magnifiques à nous balader dans la capitale, à observer la vue incroyable de Santiago du Cerro San Cristobal, à goûter aux joies de pique-niquer sur la place de la Moneda (même si elle m'a laissé une impression étrange, comme si les stigmates de la dictature vivaient encore)... Et pour le dernier jour de ma visite, nous sommes allés à Valparaiso, une magnifique ville colorée sur les côtes de l'océan Pacifique que je voyais pour la première fois. C'est avec des yeux de petite fille que j'ai découvert un monde dont j'ignorais jusqu'alors l'existence. Et puis, la découverte partagée n'est que plus belle... Le besoin de commenter ce que l'on voit, de comparer nos impressions, je pense que c'est une façon magnifique de voyager.


Ces quatre fabuleuses journées ont été ponctuées de quelques notes sombres, mais surtout d'éclats de rire et de regards complices. Pour ne pas être lâche, je n'ai pas envie de ne garder que les bons moments. De cette année, j'ai envie de tout garder. Ma faiblesse comme ma détermination, mon admiration comme ma déception. Rien ne se jette d'une expérience comme celle-ci. Pas cette fois. A trop nier, on en oublie les leçons qui doivent nous guider pour la suite.


A l'instant où je vous parle - oui pour moi écrire est équivalent à parler - j'écoute une playlist "nostalgie" que je me suis faite afin de faire venir l'inspiration. Ce que je vais dire est "cliché" et je m'en veux d'être si fleur bleue par moment, mais on écrit toujours plus facilement sur le malheur que sur le bonheur. Alors, pour décrire ces moments de légéreté, de joies et d'espérances, il faut une musique nostalgique, mélancolique voire triste pour arriver à laisser s'exprimer les émotions.


Ma gorge se serre souvent quand je regarde des photos où les sourires figés de ceux que j'aime ne font que me rappeler le fait que je suis seule. Trop minuscule dans cette ville carnivore. Mais dans cette ville avec laquelle j'entretiens une relation fusionnelle. Je veux me confondre avec toi, Buenos Aires. Faire partie de ta vie, de ton paysage. J'ai déjà l'impression d'avoir tellement changé. Je suis à des années lumière de la "moi" d'avant. Celle qui n'osait rien et qui prenait tous les coups sans un mot. Celle qui ne parlait pas avant d'avoir répété sa phrase 10 fois dans sa tête... Je ne sais pas si j'ai changé en bien ou en mal, peu m'importe à vrai dire.


Le plus important pour moi en ce moment, c'est de me rendre compte qu'à force d'efforts et de partage, on peut réussir à se diriger vers la personne qu'on est. Dedans.


Merci...

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