lundi 30 août 2010

Y vos... De donde sos?


L'espagnol d'Espagne n'est pas en vigueur ici. L'argentin me semble une langue à part. Un mélange entre l'espagnol et le brésilien. Ici, le "tu" se dit "vos" et la conjugaison des verbes à cette personne change aussi! Cependant, c'est assez beau à entendre, il ne me reste plus qu'à me familiariser à cette coutume. Depuis mon dernier article, j'ai continué le rythme de mes cours. Ils sont très intéressants, mais la charge de lecture hebdomadaire est énorme dans chaque matière.

Je ne sais pas si c'est du à l'intégration forcée des secteurs populaires à la politique pendant les années 1970, mais, les argentins ont un avis sur beaucoup de choses. Ils sont cultivés et agréables à écouter. Ils semblent tous avoir des histoires à raconter, des anecdotes sur le passé. L'histoire du continent est récente et parfois même encore brûlante, ainsi, presque toutes les générations ont une expérience politique plus ou moins avancée, ce qui est intéressant.

La ville, d'origine coloniale, est donc construite selon un plan symétrique hallucinant. Les rues sont toutes parallèles et perpendiculaires. Chaque croisement de rues constitue une "cuadra", c'est-à-dire un pâté de maisons. Ici, nous comptons les distances en cuadras! A partir de 8 cuadras, pour moi, ça fait loin à pied! Surtout depuis que ce dernier est bleu et gonflé!

Oui, pour ceux qui n'auraient pas suivi mes péripéties de près ces derniers jours, je me suis fait une entorse à la cheville. Outre la douleur, cet incident m'a appris que cela se disait "torcedura en el tobillo", ce qui, ma foi, peut toujours être utile! J'ai juste bêtement manqué une marche de l'escalier en colimaçon qui mène à la terrasse de notre immeuble, où se trouve la machine à laver.

Ce week-end, je suis allée me promener dans le quartier chinois de la ville, le Barrio Chino qui se situe dans le quartier de Belgrano, à l'ouest du quartier où j'habite. Il est vraiment très petit, comparativement à celui que j'ai eu la chance de voir à Londres. Il se résume à 2 ou 3 rues, autour de l'axe Mendoza et de la station de train Belgrano R.

Les boutiques sont nombreuses, mais proposent toutes la même chose. Il n'y a que très peu d'objets proprement asiatiques dans les rayons. Ce ne sont que des babioles généralement moins chères que dans d'autres magasins, mais aussi et surtout des éléments décoratifs kitchissimes, du chat en faïence à la Tour Eiffel qui brille. Oui, la Tour Eiffel!

Il me semble que le quartier chinois est petit car dans cette ville, toutes les origines se mélangent à tous les coins de rue. Il n'y a pas besoin de concevoir un quartier dédié à une "communauté étrangère" ou à un "groupe social", car Buenos Aires est hétérogène.

En flânant dans les rues, on peut découvrir des odeurs de kebabs, de sushis et de parillas. Des boutiques de vêtements traditionnels Mapuches côtoient des grandes marques. Il y en a pour tous les goûts dans chaque quartier.

En parlant de quartier, j'aimerais m'étendre un peu sur celui de La Boca. Ce quartier est situé au Sud de la ville et plus particulièrement du Microcentro, aux alentours du port. Il est, par les faits, considéré comme dangereux et malfamé. Le seul endroit où les touristes "peuvent" aller est le Caminito. C'est une sorte de rue censée représenter le centre historique du tango argentin. Le choix de mes mots n'est pas anodin. Je dis "censée représenter" car pour moi, tout a le goût du faux. Certes, les façades colorées et les boutiques de bricoles rustiques sont mignonnes. Certes, sur les terrasses des cafés, des couples dansent le tango. Certes, l'ambiance est festive... Mais, malgré tout ça, ça sent la représentation théâtrale. Cela m'a fait penser au Paradis des Enfants - ou quelque chose dans ce goût là - dans Pinnochio. La façade est belle, les gens s'amusent, sont heureux, prennent des photos et s'émerveillent. Et le soir venu, tout redevient sombre et lugubre, ne laissant que des vestiges de cette effervescence festive éphémère. Pour arriver au Caminito, malgré les recommandations des porteños, nous avons du passer par d'autres rues de La Boca. Ca fait froid dans le dos. Les maisons tombent en ruines, les chiens sont maigres et errent dans la rue, des hommes chuchotent dans des coins sombres et le silence du quartier est glacial. Et, au détour d'une rue... le Caminito. Comme un pot de peinture posé au milieu d'un édifice décrépi.

La Boca m'intrigue, et tout me dit que le Caminito, ce n'est pas La Boca.


Illustration: façade d'une maison de La Boca.

mercredi 25 août 2010

Chismorrear.


Depuis la dernière fois... Quoi de neuf? La fameuse question que tout le monde pose et à laquelle il est impossible de répondre de manière cohérente et synthétique. Le "neuf" le plus notable est mon changement d'appartement. Maintenant, j'habite rue Thames, à 3 cuadras du métro Plaza Italia. Je mets beaucoup moins longtemps pour aller à mon université. Le quartier est très beau et l'appartement est super beau, confortable et surtout... je l'ai décoré! Je me sens "chez moi". Oui, j'utilise encore les guillemets, parce qu'il ne faut pas exagérer quand même!

Je me familiarise avec les gens, la ville, les transports, la nourriture et le rythme de vie. Avant 2h du matin, les boîtes sont vides. Il faut donc tenir jusque là pour sortir et s'amuser entre amis sur de la musique plus ou moins... sympa! Mais bon, il faut de tout pour faire un monde.
Les cours s'enchaînent, ne se ressemblent pas et sont simplement géniaux. Le seul point négatif, c'est qu'il y a énormément de choses à lire d'une semaine à l'autre. Etant donné qu'il faut le faire dans toutes les matières et que l'espagnol n'est pas ma langue maternelle, cela demande beaucoup de temps et de concentration. Mais les cours sont intéressants, donc ça vaut la peine!

Finalement, je suis 4 cours ce semestre: Politique latinoaméricaine le lundi matin, Histoire politique et sociale du sport le mardi soir, Histoire argentine le jeudi matin et Politique extérieure argentine le vendredi soir.

Aujourd'hui, j'ai eu une réunion à la faculté avec les 23 autres étudiants étrangers présents ce semestre à l'UNSAM. Il y a des français, des espagnols, des équatoriens, des canadiens, des mexicains, des finlandais, des allemands et des autrichiens. Le tout forme une jolie troupe sympathique et amicale. Je me suis déjà intégrée dans un petit groupe d'étudiants en électronique.

En dehors de la vie étudiante, je me suis promenée à Puerto Madero, l'ancien port (comme le nom l'indique) de Buenos Aires, maintenant converti en port de plaisance et quartier d'affaires de la ville. Nous avons aussi marché dans la réserve écologique de la ville. Ecologique... que de nom, car en fait il s'agit d'une ancienne décharge publique, dans laquelle la nature a finalement repris ses droits. L'herbe, les arbres et l'eau du fleuve côtoient donc les restes de déchets abandonnés. Cela donne à l'endroit un aspect assez étrange voire sinistre, mais j'espère que dans quelques décennies, la nature aura repris le dessus pour de bon.


Illustration: El Puente de la Mujer, Puerto Madero.

dimanche 15 août 2010

M + 1


Eh oui. Aujourd'hui, jour pour jour, cela fait un mois que je suis expatriée dans la capitale argentine qui n'en termine pas de m'éblouir et de m'en faire voir de toutes les couleurs. Hier, nous sommes allées dans une parilla (un restaurant traditionnel où l'on mange de la viande grillée) avec Lhuanys, Marine, Maëlle & Claire pour fêter nos "un mois" à Buenos Aires. C'était succulent! Et comme un bonheur n'arrive jamais seul (c'est ce qu'on dit!) demain, je change d'appartement. Je vais habiter dans le quartier "Palermo Viejo", dans la rue Thames, avec Lhuanys. Nous avons un studio pour nous deux. J'ai vraiment hâte d'emménager et de me sentir plus "chez moi" et prête pour affronter les 11 mois restants ici!

Finalement, le temps passe vite. Les gens disent vrai. Même s'il y a des moments de vide, des moments où on pleure, des moments où on regrette et des moments où le manque est immense, le temps passe. Inéxorablement. On s'émerveille aussi. Beaucoup. On découvre, on rit, on chante, on danse, on explore, on lit, on travaille, on marche, on... On vit, quoi.

J'ai hâte d'être à demain, d'avoir déballé toutes mes valises, car dans cet appartement je n'avais rien décoré sachant que je ne resterai pas.

La rentrée s'est très bien passée. L'université est assez loin de chez moi, mais de mon nouvel appartement, je n'aurais que 40 minutes de trajet pour y arriver. Les professeurs sont très cultivés et très intéressants. De plus, ils sont ravis d'avoir une "alumna extraordinaria" (c'est comme ça qu'on appelle les étudiants étrangers ici) dans leur cours et essaient tant bien que mal de dire un mot voire une phrase en français!

Nous ne sommes que 5 ou 6 dans la majorité des cours (sauf en Histoire argentine où nous sommes une trentaine) ce qui est enrichissant car cela nous permet de mieux travailler et de faire des débats entre nous. Les étudiants sont gentils et sont curieux de connaître une étrangère. J'essaie de m'intégrer au mieux dans les différentes classes. Les gens essaient de faire un effort en parlant lentement pendant 2 phrases, mais ensuite leur instinct reprend le dessus, et ils sont repartis à un rythme de croisière assez élevé. Mais la compréhension ne me pose plus trop de problème, leur accent est maintenant plus ou moins gravé!

J'essaierai de vous conter d'autres épisodes de ma vie portègne demain de mon nouvel appartement. Au programme: la Boca, les transports en commun, l'agencement de la ville et autres...

En illustration: l'Eglise de la Plaza de Francia.

jeudi 5 août 2010

Le Café Tortoni.







Voici un petit article historique qui rend compte de ce fameux café dont je vous ai parlé dans l'article précédent.



Il a été fondé en 1858, ce qui fait de lui le plus vieux café d'Argentine. Ce lieu est célèbre non seulement par son grand âge mais aussi et surtout par le fait que de nombreux intellectuels en ont fait leur QG. De grands hommes, tels que Carlos Gardel où Federico Garcia Lorca ont laissé leur empreinte dans ce lieu mythique. Il se situe au 825, Avenida de Mayo.



Ce café a été inauguré par un français, du nom de Touan, qui l'a baptisé Tortoni, en s'inspirant d'un bâtiment du Boulevard des Italiens dans lequel se réunissait l'élite parisienne du XIXe siècle. A la fin de ce siècle, le café fut racheté par Celestino Curutchet, un autre français. A partir de ce moment-là, ce lieu devint le rendez-vous incontournable de nombreux peintres, écrivains, journalistes & musiciens, formant le groupe des gens d'art & des lettres.


mercredi 4 août 2010

Odio el pito!


On entend que ça ici. Le bruit des klaxons, la frénésie des automobilistes. Comme si faire un bruit monstre allait faciliter la circulation. Depuis la dernière fois, je me suis beaucoup promenée. J'ai vu la Calle Florida, l'unique rue piétonne de la capitale, tout en dégustant un Alfajor avec Claire! Nous avons visité la Cathédrale qui donne sur la Plaza de Mayo et où repose le général San Martin dont nous avions vu la Place quelques heures plus tôt! Je suis allée boire un Jugo de naranja exprimido avec Claire, Marlène & Hélène dans le Café Tortoni, le plus vieux café de la ville. Il faut même faire la queue pour pouvoir y accéder!

Aujourd'hui, cela fait 3 semaines que j'ai élu domicile dans la ville du Tango. Le temps passe à une vitesse folle. Dans 10 jours, j'aurais mon nouveau "chez moi", dans 4 jours, c'est la rentrée! Bref, autant d'événements qui font que le temps va encore s'accèlérer!


Illustration: un stand de la Feria de San Telmo. C'est une sorte de foire aux antiquités qui a lieu tous les dimanches dans le quartier de San Telmo. On peut y voir des touristes, des personnes âgées à la recherche de leur jeunesse, des habitués à l'affût d'une pièce qu'ils n'ont pas encore dans leur collection... C'est un joli mélange de couleurs et d'ambiances où chacun peut trouver un rappel de son origine.